
Une servitude non-apparente ne constitue pas un vice caché
Publié le :
19/05/2025
19
mai
mai
05
2025
La Cour de cassation le rappelle encore dans un arrêt du 13 février 2025.
Lors de la vente d’un bien, l’acquéreur découvre la présence d’un réseau d’évacuation d’eaux usées dont il ignorait l’existence.
L’acte ne le mentionnant pas, il saisit le tribunal d’une demande d’annulation de la vente sur le fondement de la garantie d’éviction, sa demande est rejetée.
Formant un pourvoi devant la Cour de cassation, il obtient satisfaction, nonobstant le fait que l’acte de vente prévoyait dans une clause que l’acquéreur prenait le bien dans l’état où il se trouvait au jour de la vente et qu’il n’aurait aucun recours contre les vendeurs pour quelque cause que ce soit.
Fort justement, il faut distinguer les deux garanties légales dont dispose l’acquéreur à l’encontre du vendeur.
L’acquéreur s’estimant lésé peut agir soit sur le fondement de la garantie des vices cachés, soit sur le fondement de la garantie d’éviction.
La question se pose alors de savoir comment qualifier une servitude non-apparente détectée postérieurement à la vente.
S’agit-il d’un vice caché ou au contraire d’un élément susceptible de faire jouer la garantie d’éviction ?
Une servitude non-apparente est en effet une charge non déclarée lors de la vente.
Or, le vendeur est tenu de décrire précisément le bien qu’il vend, l’acquéreur devant pouvoir mesurer l’adéquation que présente le bien au regard du besoin qui est le sien.
Cependant, l’acquéreur s’était engagé, dans le cadre de la clause rappelée ci-dessus, à prendre le bien dans l’état où il se trouvait, sans recours contre le vendeur.
Mais, l’état du bien ne se confond pas avec la consistance du bien.
L’état du bien renvoie au défaut affectant son usage et ce défaut constitue alors un vice, qui peut être caché, et permettre à l’acquéreur d’agir contre le vendeur, sauf en cas de présence dans l’acte d’une telle clause de non-garantie.
Il en résulte que la servitude ne constituant pas un vice caché, la clause ne mentionnant que les vices apparents ou cachés, n’avait pas lieu de s’appliquer, et le caractère occulte de ladite servitude n’emporte pas qualification de vice, même si l’on peut considérer que le problème est caché.
Il ne faut en effet pas confondre bien vicié et bien supportant des charges non révélées.
La distinction est utile car le vendeur n’est alors pas tenu d’agir dans le bref délai lié à l’existence d’un vice caché, dès lors qu’il se révèle à lui et, peut soutenir l’inopposabilité de la clause de style rappelée ci-dessus, que tout vendeur ne manquera pas de lui opposer pour tenter de s’exonérer de sa responsabilité.
Michel DESILETS
Avocat au Barreau de Villefranche-sur-Saône.
Historique
-
Une servitude non-apparente ne constitue pas un vice caché
Publié le : 19/05/2025 19 mai mai 05 2025Publications du cabinetLa Cour de cassation le rappelle encore dans un arrêt du 13 février 2025. Lors de la vente d’un bien, l’acquéreur découvre la présence d’un réseau d’évacuation d’eaux usées don...
-
L'intelligence artificielle au service de la répression des fraudes
Publié le : 12/05/2025 12 mai mai 05 2025Publications du cabinetL'intelligence artificielle investit à grande vitesse tous les domaines d'activité économique. Les outils qu’elle offre donnent des idées pour faciliter les missions, notamme...
-
Le cabinet AXIENS recrute un(e) assistant(e) pour son bureau de Villefranche-sur-Saône, avec ou sans expérience.
Publié le : 28/03/2025 28 mars mars 03 2025Publications du cabinetLe cabinet AXIENS recrute un(e) assistant(e) pour son bureau de Villefranche-sur-Saône, avec ou sans expérience. Il/elle aura pour mission d’accueillir les clients, en prés...
-
Programme de la Conférence sur l’Identité juridique du Vin
Publié le : 24/03/2025 24 mars mars 03 2025Publications du cabinetL’identité juridique du vin Vendredi 28 mars 2025 > 9h00 Amphi DUGUIT, Pôle juridique et judiciaire, Place Pey Berland, Bordeaux.
-
Impacts psychologiques des visites de la DGDDI ET DE LA DREETS : L’hésitation du contrôle entre la tentation de la politique de l’autruche, le syndrome de Stockholm et une défense en droit
Publié le : 10/03/2025 10 mars mars 03 2025Publications du cabinet1 - L’annonce d’un contrôle en matière douanière ou de répression des fraudes plonge souvent l’entrepositaire agréé dans un état de stupeur et d’angoisse voire de panique. Il...
-
« Francisation » des produits élaborés en France : possibilités et limites juridiques.
Publié le : 10/02/2025 10 février févr. 02 2025Publications du cabinetDans de nombreux secteurs, qu’il s’agisse du secteur industriel ou agroalimentaire, les pouvoirs publics luttent contre les produits qui se présentent faussement comme ayant été...